Allons-y pour une de ces petites histoires qui rythment, voire pimentent, nos existences. Celle-ci implique deux jeunes conductrices, deux femmes, un pur hasard, précisons-le par les temps qui courent.
Donc, par deux fois à un an d’intervalle et dans des lieux différents, me voici assise dans ma voiture soigneusement parquée, en train d’attendre un rendez-vous.
Et boom. Par deux fois, une jeune femme, décidée à parquer elle aussi, calcule mal son coup et érafle sérieusement l’aile de ma – petite – voiture. La seconde fois, une grosse cylindrée bardée du sigle « Police » vient de passer, voilà qui peut avoir joué un rôle.
Toujours est-il que par deux fois, je me retrouve coincée derrière ma portière avec en face, un être tremblant qui tarde à sortir de son véhicule.
La première conductrice me tendra sans hésiter une carte d’identité française périmée. Un peu secouée, je l’imagine sous médicaments à cause de son regard embrumé, ne vérifie rien, ne fais rien signer, la laisse disparaître à jamais. La seconde fois, forte de cette expérience, je garde un calme olympien mais vigilant derrière ma portière coincée par l’autre voiture où j’entrevois – c’est le soir – une ombre féminine qui s’agite et pleure mais ne bouge pas.
La situation dure et quand un jeune homme s’extirpe enfin du siège du passager pour m’expliquer à travers la vitre qu’il faut comprendre, « elle est en état de choc », j’explose. Et moi, et ma bagnole, on n’est pas en état de choc ?!!!
S’ensuivent un coup de fil torrentiel aux parents de la conductrice et la signature laborieuse d’un constat rédigé par le copain sur le capot. Très vite, j’entendrai la voix lénifiante du papa au bout du fil. Il doit bientôt revenir en Suisse, du sud méditerranéen à en juger par son accent. Dix jours passent. Enfin, on aborde devis et réparations.
La ruse dans le premier cas, la cool attitude dans le second. Un mot d’excuse face à mon âge vénérable, l’énergie dépensée en coups de fil à l’assurance, en visites au garage… ? « Ben quoi, calmez-vous, c’est juste des dégâts matériels, c’est rien. » Ça, c’était le copain. Notre témoin.