Un maire français qui s’immerge trois semaines durant dans un EHPAD, l’équivalent français de nos EMS romands. Il s’agit d’une initiation en blouse de travail, rien à voir avec des visites à un proche.
Le maire de Grenoble Eric Piolle a témoigné sur un site français intitulé « Agevillagepro » de ces moments vécus. Il relève bien sûr, on n’est pas maire pour rien, le dévouement du personnel, mentionne la diversité des situations des résidents. Il nous apprend que tout au long de ces 125 heures de présence, il a pris beaucoup de notes. Mais pas un mot sur les changements qu’il souhaite maintenant apporter dans le fonctionnement des EHPAD à Grenoble. Dommage. Ce serait intéressant de savoir ce qui a peut-être changé dans sa tête. Comment le responsable d’une grande collectivité réfléchit après une expérience que nos édiles romands, locaux et régionaux, pourraient souhaiter vivre aussi.
Assister à une toilette matinale puis la faire soi-même, aider un résident à manger et à aller aux toilettes. Supporter les odeurs, apprivoiser le dégoût, se faire aux cris, regarder en face la maltraitance présente en tous sens mais capter aussi les moments de partage et de grande tendresse. Prendre en compte l’engagement du personnel, entrer dans la complexité d’un lieu où l’existence s’invente chaque jour, malgré les limites et la fin proche. Ne serait-ce pas indispensable de palper cette réalité avant de prendre des décisions qui définissent l’encadrement de tant de fins de vie ?
Nous sommes toutes et tous allés à l’école mais rares sont celles et ceux qui côtoient de près la grande vieillesse dépendante avant d’y être contraints. La plupart de nos responsables politiques ont moins de soixante ans et ne pénètrent dans des EMS qu’en visite. La première étape, minimale, d’un changement d’attitude indispensable pourrait consister à introduire davantage de considération dans le langage administratif. Ne plus parler de « lits en EMS » alors qu’il s’agit du dernier domicile de citoyens et citoyennes. Et préférer le terme respectueux d’accompagnement à l’expression, si lourdement connotée, de « prise en charge ».