On pourrait imaginer en ces temps hivernaux que lorsqu’on attrape un virus, on cherche à protéger la santé de ses voisins de bus ou de salle de gym. Pour signaler qu’on a la crève, hop on met sur son visage le masque enfoui au cas où dans son sac.
Porter un masque, faire un test Covid ? Ces comportements sont totalement dépassés cet hiver. On ne s’en moque même pas, on les ignore. La plupart tiennent à oublier ce qui reste pour eux un traumatisme, lié à la pandémie. Cet hiver, l’option n’était donc pas à l’ordre du jour dans les lieux dits de bien-être où j’ai séjourné. Des centres gérés par des hôtes sympathiques, conviviaux, qui consacrent leur attention aux divers besoins du corps et accessoirement de l’âme.
Quel bien ça m’a fait d’entendre au retour Michel Cymes, monsieur médecine de France Télévision, défendre le port du masque en cas de virus. C’était tout récemment, début janvier 2024, sur le plateau de l’excellente émission de F2, C’est dans l’air. Quel bien ça fait d’entendre rappeler ce qui devrait être une évidence surtout dans des lieux qui se veulent thérapeutiques !
Pourquoi protéger les participant.e.s contre les infections hivernales puisque les directives contraignantes ont disparu et que toutes et tous arrivent conscient.e.s des risques ? Chacun.e respire là, généralement en pleine nature, un air vivifiant, on partage des repas sains et bénéficie de soins censés booster notre énergie.
Nous savons bien que dans ces havres de paix où il fait bon cocooner, on éternue, tousse et crache comme partout en hiver. Grosse différence : on le fait très près les uns des autres pendant plusieurs jours consécutifs. Et tout le monde paie le même prix alors que certain.es sont nettement plus à risque que d’autres.
La règle, on la connaît, parfois tacite, parfois explicite : les personnes malades doivent rester chez elles. Dans les faits, tous les inscrits sont là, une bonne partie tousse mais personne ne bouge. Le Covid désormais banalisé, les virus sont considérés comme des « rhumes » inoffensifs et le masque décrié comme inutile.
Moins on paie, plus on risque de se faire contaminer, c’est évident. Plus le prix du séjour est bas, plus la promiscuité est grande. Chambres partagées, exercices où les corps s’effleurent. Aucune obligation n’est signifiée aux personnes de toute évidence malades de s’en aller. On persiste à se côtoyer en toute confiance. L’argument que l’on entend souvent : si on doit être contaminé.e, on l’a été dès le premier jour, il est déjà trop tard pour s’en aller.
Il s’avère qu’un participant – au moins – repart contaminé au Covid à la fin d’un séjour de quelques jours auquel j’ai pris part. Cette personne aura payé en prime une semaine enfermée chez elle puis une seconde à respirer difficilement. Les tousseurs peuvent se réjouir d’un séjour bienfaisant – espérons-le pour eux – tout en continuant à contaminer leur entourage.
Une conclusion logique mais loin d’être satisfaisante : les personnes dites « vulnérables » sont priées de privilégier les séjours chers, voire hors de prix, dans des lieux qui disposent de salles de gym aux dimensions respectables et imposent des contrôles médicaux réguliers. Dans ces espaces à la convivialité peut-être moins décontractée, on respirera même en hiver sans se crisper à chaque accès de toux autour de soi. S’interroger sur la distance de projection des postillons de son voisin sera moins éprouvant. Le séjour plus tonifiant.